Compte rendu de l'événement : “ Protection des animaux et droit européen : évolutions récentes et changements à venir ”
25 novembre 2025
Notre conférence, organisée en collaboration avec la LFDA, intitulée “ Protection des animaux et droit européen : évolutions récentes et changements à venir ”, s'est tenue la semaine dernière à Bruxelles et a réuni plus de 50 participants issus de plus de 30 organisations.
La conférence a été une excellente occasion d'écouter des conférenciers experts, de renouer avec des collègues et des amis, et d'explorer les possibilités de nouvelles collaborations. Nous avons reçu des commentaires extrêmement positifs de la part des participants, qui ont salué à la fois la qualité des discussions et le contenu informatif des présentations. Nous sommes heureux de vous présenter un bref résumé de cette journée.
La conférence s'est ouverte par une allocution de Nicolas Bureau (Responsable des politiques, La Fondation Droit Animal, Éthique & Sciences [LFDA]), qui a rendu hommage à Louis Schweitzer, éminent chef d'entreprise et personnalité de la fonction publique française, qui a occupé le poste de président de la LFDA de 2012 à 2025.
Gabriela Kubíková (Responsable du plaidoyer législatif, Institut européen pour le droit et la politique animale) a ensuite présenté la première table ronde. Christian Juliusson (Commission européenne, DG SANTE, Unité Bien-être animal) a présenté les lacunes actuelles de la législation européenne en matière de bien-être animal, soulignant la prévalence de normes générales et imprécises (“ normes ouvertes ”), telles que l'utilisation de termes comme “ approprié ” dans les directives et règlements, ou de qualificatifs comme “ systématique ” dans l'interdiction de la “ coupe systématique de la queue ”, qui restent indéfinis. Il a également expliqué que la législation européenne en matière de bien-être animal n'avait pas d'effet extraterritorial, ce qui plaçait les producteurs nationaux dans une situation concurrentielle défavorable par rapport aux importateurs.
Gabriela Kubíková, Christian Juliusson, Denise Candiani et Pauline Phoa
Denise Candiani (Responsable scientifique, Autorité européenne de sécurité des aliments [EFSA]) a évoqué le rôle central joué par l'EFSA dans la fourniture d'avis scientifiques destinés à éclairer les décisions de la Commission européenne en matière de bien-être animal, notamment en ce qui concerne les animaux d'élevage, les animaux à fourrure et les équidés. Sa présentation a également décrit les missions et le fonctionnement de l'EFSA, et a souligné l'augmentation du nombre de documents produits sur le bien-être animal, à mesure que les compétences de l'UE en matière de réglementation du bien-être animal se sont élargies. Elle a également décrit la stratégie d'engagement de l'EFSA, qui comprend des consultations avec les parties prenantes et le grand public, des appels à témoignages et des manifestations d'intérêt afin d'éclairer ses travaux scientifiques.
Pauline Phoa (professeure adjointe à l'université d'Utrecht) a présenté un aperçu des approches de l'extraterritorialité dans le droit européen, en particulier dans le contexte de la législation sur le bien-être et les droits des animaux. Elle a proposé une classification en trois volets de l'extraterritorialité : l'extraterritorialité en tant qu“” extraterritorialité véritable “ ; l”“ effet Bruxelles ”, expression du soft power de l'UE dans l'exportation de ses normes ; et l'extraterritorialité résultant des relations extérieures de l'UE, comprise comme les efforts politiques visant à influencer les pratiques en dehors de l'UE. Situant ces discussions dans le contexte historique de l'essor de l'État souverain au XVIIe siècle, elle a évoqué les nombreux cas dans lesquels le droit européen a produit des effets extraterritoriaux. Parmi les exemples spécifiques au bien-être et aux droits des animaux, elle a cité l'interdiction de la chasse à la baleine dans le droit international et l'application des règles de l'UE en matière de bien-être animal lors du transport au-delà des frontières de l'UE (telles qu'interprétées par la Cour de justice de l'UE [CJUE] en 2015) comme exemples de « véritable extraterritorialité » ; la conformité volontaire des producteurs internationaux aux normes de l'UE afin d'accéder au marché européen, comme exemple de l'effet Bruxelles ; et l'inclusion de normes de bien-être animal dans les accords commerciaux, comme expression des objectifs politiques de l'UE en matière de relations extérieures.
La deuxième table ronde, animée par Inês Grenho Ajuda (Responsable du programme Animaux de ferme, Eurogroup for Animals), a commencé par Alessandra Donati (référendaire à la CJUE), qui a examiné trois arrêts rendus en 2020 : Centraal Israëlitisch Consistorie van België et autres (C-336/19), Association One Voice et Ligue pour la protection des oiseaux c. Ministre de la Transition écologique et solidaire (C-900/19), et Association pour la conservation et l'étude du loup ibérique (ASCEL) c. Administration de la Communauté de Castille-et-León (C-436/22). Les deux premières affaires concernaient l'utilisation d'animaux dans des pratiques traditionnelles (abattage rituel et méthodes de chasse traditionnelles respectivement), tandis que la troisième portait sur la protection des loups contre les “ dommages psychologiques ”, dans la mesure où les loups font partie de l'écosystème.
Inês Grenho Ajuda, Alessandra Donati, Alice Di Concetto et Joren Vuylsteke
Alice Di Concetto (Conseiller juridique principal, Institut européen pour le droit et la politique animale) et Joren Vuylsteke (doctorant, KU Leuven) a co-présenté les tendances récentes de la jurisprudence de l'UE et des litiges dans les États membres liés aux animaux. M. Vuylsteke a mis en avant des études de cas aux Pays-Bas et en Belgique concernant l'application de la loi et l'accès à la justice dans le cadre de stratégies naissantes fondées sur des litiges initiées par des défenseurs des animaux. Mme Di Concetto a identifié les tendances générales de la jurisprudence de la CJUE qui soutiennent la pertinence des efforts en matière de litiges stratégiques. Une première tendance est la référence de la Cour à la sensibilité des animaux telle que codifiée dans le traité constitutionnel de l'UE. Une deuxième tendance est la prise en compte des intérêts des animaux dans le test de proportionnalité de la Cour, y compris dans les affaires impliquant des animaux d'élevage, ce qui pourrait ouvrir la voie à des développements positifs importants pour les animaux à l'avenir.
Après avoir fait part de ses remarques personnelles sur la vie et les réalisations de Louis Schweitzer, Laurence Parisot (Président, LFDA) a animé la troisième table ronde. Nicolas Bureau et Émilie Chevalier (Faculté de droit de l'Université de Limoges) a présenté “ Codex Animalis ”, une base de données en ligne regroupant l'ensemble de la législation, de la réglementation et de la jurisprudence de l'UE en matière animale, développée en collaboration avec des juristes français, la LFDA et l'Institut européen pour le droit et la politique animale. Le professeur Chevalier a présenté l'histoire et le développement du projet, ainsi que les questions importantes que celui-ci soulève concernant la classification des animaux, ainsi que la portée et les sources du droit animalier en tant que discipline. Le site web devrait être lancé début 2026 en français et en anglais.
Michal Wiezik, député européen, Pascal Vaugarny, Agathe Gignoux, Tilly Metz, députée européenne, Nicolas Bureau
Membres du Parlement européen Tilly Metz (Les Verts/ALE, Luxembourg) et Michal Wiezik (Renew Europe, Slovaquie) ont ensuite pris la parole pour discuter de leur travail en tant que décideurs politiques dans un environnement politique difficile pour les animaux. Les députés européens Metz et Wiezik ont notamment partagé leurs connaissances sur la dynamique politique qui façonne les négociations en cours sur la réforme de la législation européenne régissant le transport des animaux.
Enfin, Pascal Vaugarny (Directeur adjoint, Fermiers de Loué) et Agathe Gignoux (Responsable des affaires juridiques et publiques, Compassion in World Farming France) a partagé son expérience dans la création d'alliances entre le mouvement de défense des animaux et le secteur privé à travers le label français de bien-être animal. étiquette bien-être animal. M. Vaugarny a décrit les origines du projet, né d'une coopération multipartite entre plusieurs organisations de défense des animaux, dont la LFDA et Compassion in World Farming, et des producteurs tels que les Fermiers de Loué. Dans sa présentation,Mme Gignoux a souligné l'importance d'aligner les objectifs économiques – notamment la nécessité d'assurer des conditions équitables pour les producteurs – sur des objectifs significatifs en matière de protection des animaux.
Conférence sur la protection des animaux et le droit communautaire à Bruxelles, mardi 18 novembre
27 octobre 2025
Il reste un peu plus de trois semaines avant notre conférence de Bruxelles, “Animal Protection and EU Law : Développements récents et changements à venir”.”
Regardez le lancement de notre webinaire “La protection des chats et des chiens dans le droit européen”.”
23 octobre 2025
Si vous avez manqué le webinaire de la semaine dernière présentant notre livre blanc avec Almo Nature et Deutscher TierschutzBund, “The Protection of Cats and Dogs in EU Law - Companion for Life : De la propriété à la responsabilité”, vous pouvez maintenant le regarder sur la chaîne YouTube d'Almo Nature.
Événement de lancement : "La protection des chats et des chiens dans la législation de l'UE - Compagnon pour la vie : De la propriété à la responsabilité"
26 septembre 2025
Nous sommes ravis d'annoncer le lancement de notre prochain livre blanc avec Almo Nature et Deutscher TierschutzBund, "The Protection of Cats and Dogs in EU Law - Companion for Life : De la propriété à la responsabilité".